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Haut Mbomou Haut'n line
16 décembre 2010

L'ONU redoute de nouveaux massacres à l'approche de Noël

france_24L'ONU annonce le déploiement de 900 hommes dans le nord du Congo, par crainte que l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), milice rebelle ougandaise, ne répète la série de massacres et d'enlèvements de civils qu'elle a commis en 2008 et en 2009.

Claude, 21 ans, a passé quatre jours et quatre nuits entre la vie et la mort dans un charnier, étouffé sous les cadavres de ses amis tués à coups de gourdins et de machettes. Ce sont les habitants du village de Makombo, dans la région reculée du Haut-Uélé, au nord de la République démocratique du Congo (RDC), qui l’ont découvert, à peine vivant, alors qu’ils venaient inhumer la vingtaine d’autres qui n’avaient pas eu sa chance. Frappé à la nuque par un membre de la LRA, l’Armée de résistance du Seigneur, Claude a passé six mois à l’hôpital pour guérir de ses blessures.

C’était en décembre 2009. L’Armée de résistance du Seigneur (LRA) venait de perpétrer un massacre de plus en RDC. Composée de groupuscules d’hommes armés, pour la plupart des enfants enlevés à leur village et forcés à tuer, la LRA fait régner la terreur sur un territoire éclaté entre le nord de la RDC, le sud du Soudan et l’est de la République centrafricaine (RCA).

Ces deux dernières années, l’Armée a sévi plus particulièrement pendant la période de Noël, multipliant massacres et enlèvements. Un collectif de 18 ONG, qui craint qu’elle ne récidive cette année, vient de publier un rapport pour alerter les organisations internationales et demander au Conseil de sécurité de l'ONU de veiller à la protection des civils.

"L’odeur de la mort"

Noël 2008. Du 24 décembre et durant les trois semaines qui suivent, 865 femmes, hommes et enfants sont sauvagement attaqués au nord-est du Congo et au Sud-Soudan. Les troupes de la LRA répondaient à l’opération militaire "Éclair de tonnerre" lancée dix jours auparavant par la RDC, la RCA et le Soudan contre l’Armée de résistance du Seigneur. Un échec.

En 2009, la LRA récidive. Elle assassine plus de 320 personnes et en enlève 200 autres dans la région de Makombo, entre les 14 et 17 décembre. "La plupart des victimes ont d’abord été ligotées avant que la LRA ne les tue à coups de machettes ou ne leur fracasse le crâne à coups de hache, de gourdins ou de lourds bâtons. Les victimes ont souvent été délibérément enlevées pour être tuées dans les endroits les plus reculés de la forêt et de la brousse, à l’écart des centres villageois ou des routes, peut-être dans le but de dissimuler le crime", peut-on lire dans le rapport de Human Rights Watch (HRW) publié en mars 2010. Pendant des semaines, les habitants de la région disent vivre dans "l’odeur de la mort".

Les organisations humanitaires implantées dans la région craignent que le morbide rituel ne se répète cette année. C’est pour éviter cela que les Nations unies viennent d’annoncer qu’ils enverraient 900 casques bleus dans le Haut Uélé, au nord du Congo. L’opération, qui vise davantage à protéger les civils qu’à traquer les rebelles, devrait se poursuivre jusqu’à la mi-janvier. Une période trop courte selon un membre d’Oxfam qui dénonce également une logistique insuffisante.

"Il est important que l’ONU établisse un cordon sanitaire comme il s’apprête à le faire. Mais il faut continuer après janvier", déclare, à France 24.com, Nicolas Vercken, responsable de plaidoyer à Oxfam France. "L’ONU devrait mettre en place un vrai dispositif de collecte d’informations et d’analyses sur la LRA. On doit savoir où ils sont, comment ils opèrent, etc. " Effectivement, de la LRA, on ne sait pas grand-chose.

L’ennemi invisible qui fait régner la terreur

L’Armée de résistance du Seigneur compterait entre 400 à 500 hommes, divisés en groupuscules d’une dizaine de combattants extrêmement mobiles qui continuent d’échapper aux actions militaires menées par l’armée ougandaise, appuyée par les États-Unis. Faiblement armé, n’ayant à sa disposition que gourdins, machettes, quelques kalachnikovs tout au plus, le groupe rebelle, dirigé par le leader charismatique ougandais Joseph Kony, sévit dans les régions les plus reculées, privées d’infrastructures et de moyens de communication.

"Ils n’ont ni agenda politique ni objectif militaire. Ce sont des brigands qui vont de village en village pour piller, tuer, se réapprovisionner en vivres et surtout en hommes", explique l’un des membres du collectif d’ONG auteur du dernier rapport.

Malgré ses faibles moyens, la LRA conserve sa capacité à tuer, à enlever et à terroriser les populations civiles. Selon l’ONU, depuis 2008, l’Armée a tué plus de 2300 personnes, en a enlevé plus de 3000 autres, dont des jeunes garçons forcés à tuer et des filles, toutes violées, sans exception. Elle a forcé à l’exil plus de 400 000 personnes qui continuent à vivre dans la peur de cet ennemi invisible.

Par Sarah LEDUC

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